La mort en mars dernier de Soudan, le dernier rhinocéros blanc mâle, a rempli le monde de désolation. La survie de seulement deux femelles : Najin, fille de Soudan et Fatu, sa petite-fille ne laissait aucun doute sur l’issue fatale réservé à cette sous-espèce de rhinocéros. Tous les espoirs ont ensuite été placés dans la fécondation in vitro comme dernier recours pour sauver ces animaux, et seulement quelques semaines plus tard sont apparus les premiers résultats qui pourraient conduire un jour à retrouver cette espèce d’Afrique centrale.
Le sperme des mâles du nord a été utilisé pour fertiliser les ovules des femelles du sud
Dans un article publié mercredi dans la revue Nature Communications, l’équipe de Cesare Galli et Thomas Hildebrandt a annoncé plusieurs avancées importantes. La première est qu’ils ont réussi à effectuer la première fécondation in vitro pour créer des embryons hybrides de rhinocéros blancs du Nord. L’étiquette de « hybride » est justifiée par l’utilisation d’une partie du sperme conservé de Soudan et celui d’autres mâles du Nord pour fertiliser les ovules de rhinocéros blanc femelle. Ces embryons, conservés sous forme de blastocystes seraient parfaitement implantables et conserveraient une partie des gènes des rhinocéros blancs du Nord avant leur récente disparition. En fait, la prochaine étape que les auteurs de l’étude ont l’intention de faire est de féconder les femelles du Sud avec ces embryons pour obtenir une progéniture hybride.
Ce sont les premiers embryons de rhinocéros produits in vitro dans l’histoire
« Ce sont les premiers embryons de rhinocéros produits in vitro dans l’histoire », explique Hildebrandt. « Ils ont une très grande chance de produire une grossesse une fois implantée chez la mère porteuse. » Pour réaliser cette délicate procédure, les chercheurs ont utilisé des techniques de fertilisation novatrices appliquées uniquement à la fertilisation des chevaux jusqu’à maintenant. « Le développement réussi d’un embryon hybride est une étape d’une grande importance pour obtenir la naissance d’un rhinocéros blanc du Nord grâce à des techniques de reproduction artificielle. Pour l’instant, la moitié de l’information génétique de l’embryon provient du rhinocéros blanc du nord. »
Un autre objectif des chercheurs est de congeler le plus d’œufs des deux dernières femelles survivantes du Nord, car si la technique est concluante, les scientifiques vont essayer de répéter la procédure cette fois -ci avec le sperme et les œufs appartenant à 100% à la sous-espèce du Nord.
Mais même ainsi, avec seulement deux femelles disponibles restantes et le sperme congelé de seulement quatre mâles (y compris celui de Soudan) le manque de variabilité génétique serait néfaste à la survie de l’espèce. Il est pratiquement impossible de créer une population de rhinocéros nés d’une fecondation in vitro qui survivrait. C’est là qu’intervient une deuxième partie de l’enquête, qui consiste à trouver un moyen de produire de nouvelles cellules germinales (ovules et spermatozoïdes) qui garantissent la variabilité et la viabilité génétique de l’espèce.
Comme les œufs et les spermatozoïdes du rhinocéros blanc du nord sont extrêmement rares, des cellules provenant d’autres tissus cryoconservés, beaucoup plus abondants (comme la peau), pourraient être prélevées et transformées en gamètes par cette technique largement utilisée aujourd’hui dans les procédés de biotechnologie.