L’abdominoplastie qui consiste à retirer la graisse et à étirer la peau de l’abdomen, peut donner des morceaux assez gros de chair intacte environ 1 kg. Mais que fait-on de cette graisse et de cette peau retirée ?
Le tissu adipeux et la graisse sont maintenant étudiés. En effet un nombre croissant de chercheurs et de spécialistes médicaux s’intéressent à la chirurgie esthétique mais pas en tant que telle mais pour « ses déchets ».
La chirurgie esthétique, après tout, consiste à enlever l’excès de gras et de tissus. La mission de ces experts est de le sauver de l’incinérateur. Et il semble que le surplus de graisse retiré d’une abdominoplastie est mieux exploitable que celui d’une liposuccion car il est mieux préservé.
« Nous n’avons pas de chiffres », explique Sian Harding, professeur de pharmacologie cardiaque à l’Imperial College de Londres, et l’un des auteurs du rapport « Human Bodies : donation for medicine and research ».
« Mais c’est une zone de croissance et les développements sont très intéressants. »
Maintenant, c’est exploité pour une multitude d’utilisations :
- Enquêter sur l’obésité
- Transformer les graisses en cellules souches
- Recycler pour la reconstruction mammaire (éliminer ainsi les implants toxiques)
- Eviter les tests sur les animaux
A Cytori, une «clinique de thérapie cellulaire», à San Diego, travaillant sur le recyclage des graisses pour la reconstruction mammaire. «Nous avons récemment traité notre 3000ème échantillon de matières grasses soit un total de plus de 2268 kg sur neuf ans», a déclaré un porte-parole.
Toute une industrie a grandi autour de la collecte de tissus. Les entreprises sont intervenues pour ouvrir des «banques bio» où le matériel humain est collecté, stocké dans des congélateurs bien réglementés et vendu. (PromoCell, la société basée en Allemagne, par exemple, charge environ 350 € – 700 € pour un lot de cellules adipeuses, assez pour plusieurs expériences.)
L’Oréal a investi plus de 500 millions d’euros dans le développement car, avec les changements proposés dans les lois sur les essais, l’industrie savait qu’elle devait changer. (Depuis 2009, l’expérimentation animale sur des produits cosmétiques ou des ingrédients a été interdite dans l’UE.)
En 2007, le Centre européen pour la validation des méthodes alternatives (ECVAM) a donné sa validation pour des tests sur l’irritation de la peau. C’était une sorte de feu vert pour la croissance, L’Oréal a doublé la surface de son centre à Lyon, quadruplé son effectif et élargi son périmètre pour inclure aussi les tests sur peau pleine épaisseur, avec un derme vivant et un épiderme.
C’est vrai que des tests sont encore effectués sur les animaux parce que les méthodes alternatives pour tester certains effets n’ont pas été perfectionnées.
Alors, qu’en est-il des donateurs?
La peau, évidemment, appartient à la personne qui en fait don. La notion d’éthique est simple ici. C’est pourquoi ces dernières années, les lignes directrices ont été renforcées.
Le Nuffield Council on Bioethics (Organisme britannique indépendant, financé par des fondations et par le gouvernement britannique, qui s’est donné pour mission d’étudier les questions éthiques liées aux nouveaux développements de la médecine et de la biologie.) souligne que «la volonté de la personne d’être donneur est primordiale. Il doit y avoir un protocole et un formulaire de consentement correctement formulé pour que les patients puissent signer. Ensuite le tissu doit être collecté de manière appropriée », explique Fazel Fatah, président de l’Association britannique des chirurgiens plastiques esthétiques (BAAPS).
Les centres réputés en Angleterre donnent au chirurgien les papiers à signer par le patient, avant la chirurgie plastique. C’est à dire il est consentant, qu’il sera anonyme, qu’il ne sera pas payer et que c’est un don gratuit des cliniques.
La plupart des patients sont heureux de faire ce don. «Je ne m’inquiéterais pas vraiment de ce qui va advenir de ma propres graisse», explique Charlotte Hanbury, qui a subi une réduction mammaire et une chirurgie esthétique du ventre, il y a trois ans. « Je ne me sentais certainement pas attaché à ça et je ne me se souciait pas non plus qu’une partie de moi-même voyageait dans les laboratoires de recherche du monde entier. »
Mais dès que l’argent est entré dans l’équation avec la réalisation que ses cellules pourraient devenir une marchandise, « C’est plutôt étrange », dit-elle.
Il y a une injustice intrinsèque à l’idée que les entreprises fassent de l’argent avec le tissu des gens. Mais d’un autre côté, payer une somme d’argent spécifique pour des tissus humains, même si ce sont des déchets, est quasiment inconcevable.
L’aspect commercial reste flou. Tandis que l’aspect éthique est clair et préservé :
- Moins de test sur les animaux ;
- Moins de déchets ;
- Les donateurs sont informés de ce que leurs dons vont servir à faire de la recherche, ainsi que produire des peaux reconstruites.
C’est le cas des cliniques esthétique réputées en Angleterre, en France et aux USA. Est-ce que c’est le cas ailleurs ? Pourvu que ce soit généraliser partout dans le monde.